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La chronique • July 2015

Comment les réseaux sociaux peuvent-ils gâcher vos vacances ?

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Dr Mariann Hardey

@thatdrmaz

La spécialiste des réseaux sociaux, le Dr Mariann Hardey, vous explique comment faire pour prendre ses distances avec le virtuel

Les vacances sont devenues la période pendant laquelle l’activité sur les réseaux sociaux est la plus forte et il n’est pas rare aujourd’hui de poster chaque minute de sa vie de vacancier sur Instagram. Après la première révolution industrielle, les loisirs ont pris une importance phénoménale. Les vacances sont faites pour se détendre et se cultiver, pas pour passer plus de temps devant nos écrans. Je vous accorde un passage en ligne express pour demander l’avis sur ce nouveau paréo que vous venez de dégoter.

Et pourtant, les nouvelles technologies ont aujourd’hui pris le pas sur notre temps libre. Nous sommes d’accord, les réseaux sociaux représentent une avancée majeure... Ils nous permettent en quelques clics à peine de dénicher un restaurant “exquis” qui s’est vu attribuer cinq étoiles sur TripAdvisor... Mais tout aujourd’hui est devenu tellement banal. Nous ne voyageons plus que par écrans interposés et lorsque nous nous décidons enfin à boucler notre valise pour de bon, nous suivons le mouvement et allons là où nos « amis » se sont identifiés, ont posté une photo, dans le restaurant qui a obtenu le plus de “j’aime” ou d’avis intéressants… 

Alors si aujourd’hui quelques traces sur les réseaux sociaux sont tout ce qu’il vous reste de vos dernières vacances, nous pouvons vraiment affirmer que les choses ont changé.  Nous sommes tellement obnubilés par les commentaires obtenus par notre dernier selfie en ligne que nous ne voyons plus ces petits bonheurs qui n’attendent qu’une chose : que vous éteigniez votre téléphone portable. 

Il est vrai que je vous dresse un tableau peu enjôleur, mais l’image des vacances présentée sur les réseaux sociaux a de quoi effrayer et témoigne de notre peur de nous déconnecter. Et cette image n’est pas seulement le résultat d’un nombre croissant de ressources. C’est simplement une conséquence de notre comportement : nous en attendons toujours plus de notre temps libre. Le problème est bien palpable : notre horizon se rétrécit drastiquement au fil des années. Il est grand temps de sauter le pas et de dire adieu (pendant quelques jours ou semaines) aux réseaux sociaux. Retrouvez-vous, aventurez-vous dans ces petites ruelles sur lesquelles Google Maps ne vous a rien dit et laissez-vous porter par vos nouvelles aventures.

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Le temps de la détente est arrivé ? Pas si vous restez cloué sur votre téléphone.

Quelques secondes suffisent pour démontrer comment l’utilisation régulière des réseaux sociaux conduit à un sempiternel recommencement. Dans le monde d’aujourd’hui, l’Internet des objets se nourrit de notre soif frénétique d’activité et nous empêche de nous détendre complètement et de manière spontanée. Alors que nous occupons nos journées de repos avec une liseuse Kindle, un podomètre (qui nous ressasse sans cesse que nous ne marchons pas assez) ou sur TripAdvisor à relire, pour la énième fois, les meilleurs avis des meilleurs internautes, nous ne faisons que passer d’un écran à un autre au risque de nous perdre. 

Si ce monde-là n’est pas très attirant, pensez-vous que lire cet article tout en triant vos nouveaux courriels soit plus relaxant ?

Tentons maintenant de savoir comment vous justifiez votre dépendance pendant vos vacances. Tout d’abord, par l’importance de la réussite professionnelle et des attentes qui en découlent. Deuxièmement, par la pression et les opportunités soulevées par les interactions sociales immédiates. Et c’est alors que, selon moi, les réseaux sociaux deviennent plus dangereux que le risque de se sentir “seul” si nous nous déconnectons. Il y a ceux qui considèrent les vacances comme une opportunité en or de se couper de son quotidien et ceux qui passent la journée au bord de la piscine à peaufiner leur prochain selfie, comme tout le monde. 

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